De l’obsolescence programmée au réemploi, il n’y a qu’un pas ?

8 novembre 2023 reemploi bonus reparation réparation réparabilité durabilité

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Le bonus réparation sera « simplifié, élargi et augmenté » à partir du 1er janvier 2024. Objectif : lutter contre l’obsolescence programmée en favorisant le réemploi des appareils électriques et électroniques.

Doublement du bonus pour cinq appareils du quotidien, augmentation de 5 euros pour 21 appareils déjà bénéficiaires, 24 nouveaux équipements éligibles, la réparation à distance désormais couverte… Voilà à quoi ressemblera le nouveau bonus réparation qui sera appliqué dès janvier 2024. C’est ce qui a été annoncé par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, à l’occasion des Journées Nationales de la Réparation. Une victoire pour l’association HOP – Halte à l’obsolescence programmée, qui est à l’origine de ces propositions. « Jusqu’à maintenant, le bonus réparation variait entre 15 et 45 euros en fonction des appareils. Les montants étaient trop faibles pour être vraiment incitatifs. On a travaillé sur des propositions, qui ont été soutenues par le Conseil national de la réparation, pour le rendre plus intéressant », s’enthousiasme Flavie Vonderscher, responsable plaidoyer au sein de l’association HOP. Objectif : rendre le réemploi attractif pour lutter contre l’obsolescence programmée. Une évolution nécessaire, alors même que seulement 3 %, des 25 millions d’appareils électroménagers jetés chaque année, sont actuellement réparés. Soit 920 000 tonnes de déchets qui restent en dehors du circuit du réemploi.

La réparation pour tous, entre nécessité et freins

Un frigo neuf, c’est 1,75 tonnes de matière première extraite, 200 kg de Co2 émis dans l’atmosphère sans parler de l’eau et de l’énergie nécessaires à sa fabrication. Et les autres appareils électriques et électroniques ménagers sont concernés dans les mêmes proportions. Allonger leur durée de vie est aujourd’hui indispensable pour réduire leur impact environnemental. Selon une étude de l’Ademe, 36 % des Français réparent ou font réparer leurs appareils quand ils tombent en panne. Cependant pour 53 % d’entre eux, réparer coûte plus cher que d’acheter un produit neuf. « Il y a beaucoup de préjugés autour du coût de la réparation alors que dans 70 % des cas, le coût final est bien inférieur », explique Flavie Vonderscher, responsable plaidoyer au sein de l’association HOP. Mais ce n’est pas le seul blocage. L’obsolescence programmée vient en deuxième position (51 %) suivie des craintes liées au professionnalisme et aux garanties (42 %), la complexité et la lourdeur de la réparation (40 %) et enfin le manque d’information (25 %). Si les Français ont encore du mal à passer le cap de la réparation, le secteur du reconditionné a quant à lui gagné de nombreux adeptes depuis le COVID.

Le réemploi, une solution alternative qui gagne du terrain

2 Français sur 3 ont acheté des produits issus de l’économie circulaire au cours de 12 derniers mois, c’est ce qui ressort d’une étude menée par le centre d’études de la consommation, CSA. 42 % y ont même eu recours plusieurs fois dans l’année. « Il y a clairement une demande, pour le côté écologique mais surtout pour le côté économique » constate Claire Bredton, CEO et co-fondatrice Underdog. Il faut dire que l’achat d’appareils reconditionnés a de nombreux avantages « On change les vieilles pièces, même si elles ne sont pas responsables de la panne. L’objectif, c’est de rendre la 2e vie plus longue que la première. Le client final aura ensuite un appareil garanti 2 ans pour un prix en moyenne 30 % moins cher que le neuf. Et en plus, quand un particulier achète une machine chez nous, on récupère l’ancienne », ajoute-t-elle. « Ce qu’il faut noter, c’est qu’on arrive à réparer 70 % des appareils que l’on reçoit. Pour le reste, il y a plusieurs scénarios possibles : soit la machine ne peut pas être réparée pour une question technique, soit la pièce coûte trop cher, soit la machine est trop ancienne et donc du point de vue consommation, ça n’est pas écologique ». Pour autant, les réparateurs avouent que le plus gros problème auquel ils font face aujourd’hui, reste la conception initiale des appareils.

L’Écoconception, clé de voûte contre l’obsolescence programmée

« L’écoconception, c’est prendre en compte non seulement les matériaux et leur provenance, mais aussi le processus de fabrication jusqu’à la fin de vie », explique Flavie Vonderscher, responsable plaidoyer au sein de l’association HOP. « En prolongeant la durée de vie, on évite la surproduction, la surconsommation et on participe à la réindustrialisation de la France » ajoute Gilles Fontaine, CEO et Co-fondateur de Ennea, une entreprise dédiée au reconditionnement des appareils professionnels. Seulement, si la loi AGEC oblige à rendre les pièces détachées accessibles dans le cadre de la réparabilité, 30% des appareils envoyés en réparation ne pourront pas être réparés en raison du manque de pièces. « Certains constructeurs font des pièces détachés un enjeu stratégique. Ils nous en bloquent l’accès. Pareil pour ce qui est des plans techniques qui nous permettent de comprendre comment assembler les machines », se désole Gilles Fontaine, CEO et co-fondateur de Ennea. Si certains composants sont encore aujourd’hui difficiles à changer, Claire Bredton, CEO et co-fondatrice de Underdog l’affirme : « On le constate de moins en moins, surtout depuis que l’indice de réparabilité a été mis en place » explique Claire Bredton, CEO et co-fondatrice de Underdog. Une évolution par la contrainte mais pas seulement

En 2024, l’indice de réparabilité évolue

Un indice de réparabilité qui va lui aussi évoluer courant 2024. « On va passer d’un indice de réparabilité à un indice de durabilité. En plus de la réparabilité, les fabricants devront indiquer la résistance du produit et donc sa fiabilité, au niveau de la batterie ou des matériaux, par exemple. Cela va permettre d’obtenir de la transparence pour les consommateurs » se félicite Flavie Vonderscher, responsable plaidoyer au sein de l’association HOP – Halte à l’Obsolescence programmée. Un indice de durabilité qui concernera dans un premier temps les appareils concernés par l’indice de réparabilité avant de s’étendre à tous les produits. Un moyen d’approfondir la démarche déjà entreprise depuis 2015 de responsabilité élargie des producteurs. En attendant, Claire Bredton a trouvé une solution « Quand nous ne pouvons pas réparer une machine, on la démantèle et on récupère les pièces. Aujourd’hui, plus de 50 % des pièces détachées que nous utilisons proviennent de notre propre stock. C’est du circuit très court ». Un détail non-négligeable quand on sait qu’à partir du 1er janvier, le bonus réparation garantira une majoration de 20 % si les pièces détachées sont issues de l’économie circulaire. « Ça va dans le bon sens. À voir tout de même comment les constructeurs vont se comporter surtout en matière de transparence de la provenance », conclut Gilles Fontaine de Ennea.

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